L’Acromphale

DE DEUX CAUSES L’UNE

BRUNO PONS LEVY

Doutez-vous que l’Europe, superpuissance émergente arc-boutée sur les droits de son Homme, ne bascule telle une feuille de chou morte, sur simple pression d’un tyran acculé au désastre par son inénarrable, émouvante et soûlante

slavité ? Êtes-vous de ceux qui s’enivrent de morgue à en perdre la Bête de vue, abdicateurs du discernement très spécial qui leur fut octroyé a priori, incapables, face à l’hydre de Lerne, de compter jusqu’à deux ? Non, mais vraiment ! l’Enlightenment et l’Aufklärung en seraient-ils arrivés à traverser de long en large le cimetière des Lumières comme s’ils foulaient au pied un vulgaire terrain vague et, de fil en aiguille, ethniciser la question sociale pour enfin raciser la chambre des causes communes ? Honnêtement, ce chamboulement dont on met la charrue avant les bœufs, ça ne casse pas des BRICS+. Ça a tout l’air d’un soutien proactif à une clique de régimes autoritaires, antilibéraux et antihumanistes, provisoirement unis par des alliances de circonstance vouées à l’entrechoquement par leur forte tendance à l’expansionnisme. En termes de changement de paradigme, on a déjà vu mieux. Au pied du mur de l’Atlantide, les compétences décisionnelles sont de rigueur, ce qui peut créer des interférences avec l’appareil idéologique d’État d’une génération Mitterrand que l’on avait conditionnée pour qu’elle ne choisît pas entre le droit et le tordu et qu’elle privilégiât toujours l’équidistance des alliances naturelle et contre-nature. L’heure n’est plus à la tergiversation lorsqu’en psychologie des foules, le principe de précaution a fait chou blanc. Rétablir le cordon sanitaire face à la peste brune, c’est bien ; forcer la pieuvre entriste dans ses retranchements, ce n’est pas mal non plus ; étendre la logique de guerre aux relations d’État à État, c’est ici et maintenant.